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vendredi 19 août 2011

Inde: le militant anticorruption Hazare sort de prison pour débuter son jeûne


  Le militant indien anticorruption Anna Hazare est sorti vendredi de prison sous les acclamations d'une foule immense pour observer son jeûne public de 15 jours, qui devrait renforcer une vague de soutien populaire ayant pris de court le gouvernement.
 Cet admirateur de Gandhi exige de l'Etat un durcissement d'un projet de loi exemptant le Premier ministre et des magistrats de haut rang d'être inquiétés par la justice en cas de soupçons de corruption. Le texte est actuellement en cours d'examen au Parlement.
 Anna Hazare est sorti de la prison Tihar à New Delhi sous les ovations de milliers de partisans galvanisés arborant des drapeaux de l'Union indienne, certains chantant des hymnes en l'honneur de "Notre mère l'Inde".
 Son arrestation mardi par la police, au motif qu'il refusait d'accepter une grève de seulement trois jours, a déclenché des manifestations sans précédent, faisant descendre dans la rue à New Delhi et dans plusieurs autres villes des dizaines de milliers de personnes.
 "Frères et soeurs, chers enfants (...) en 1947 nous avons eu la liberté mais nous n'avons pas encore gagné notre propre liberté" en libérant le pays de la corruption, a-t-il lancé sous les vivats, en référence à la date de l'indépendance de l'Inde, jusqu'alors sous domination britannique.
 Anna Hazare a accepté de sortir de prison après avoir négocié une grève de la faim de 15 jours, sur une esplanade à New Delhi pouvant accueillir 25.000 personnes. Depuis un camion transformé en char de parade qui l'attendait pour se rendre sur les lieux de son jeûne, il a salué à la manière d'un chef d'Etat.
 Parmi la foule l'attendant sur l'esplanade dans le nord de Delhi, Radha Jain, qui travaille pour une banque privée, a confié avoir pris un jour de congé maladie. "J'ai dit à mon bureau que le pays était malade et qu'il avait besoin de moi. Tout le pays dormait, Anna a réveillé la nation", a assuré cet homme de 33 ans.
 Le vif et spectaculaire engouement populaire a pris de court le gouvernement du Premier ministre Manmohan Singh, englué depuis des mois dans des scandales de corruption.
 Le plus retentissant remonte à l'automne dernier, lorsque l'ancien ministre des Télécommunications a dû démissionner pour avoir orchestré une vente présumée frauduleuse de licences de téléphonie mobile, qui aurait spolié le Trésor d'une somme allant jusqu'à 40 milliards de dollars.
 Mais Hazare s'est aussi fait le porte-voix de la colère de la population face à la culture de la corruption dans la vie quotidienne. Qu'il s'agisse de l'obtention d'un permis de conduire, de l'ouverture d'un commerce ou de l'admission dans une école, rien ne se passe sans le versement de pots-de-vin.
 Le gouvernement de centre-gauche est aussi pris pour cible par les manifestants pour des motifs de mécontentement plus généraux, dans un contexte de ralentissement relatif de la croissance économique et d'envolée des prix, qui frappe de plus en plus de foyers.
 Face à la vague de protestations, le gouvernement a tenté de répondre en brandissant la valeur des institutions de la plus grande démocratie du monde.
 Le Premier ministre, dont l'image habituelle de "Monsieur Propre" de l'Inde semble passablement écornée par cette crise, a qualifié la campagne d'Anna Hazare de "totalement infondée" et d'illégitime au regard de "la prérogative exclusive" du Parlement en matière de législation.
 Signe de l'étonnement des dirigeants face au mouvement populaire, le parti du Congrès, qui mène la coalition gouvernementale, est allé jusqu'à évoquer l'hypothèse d'une implication des Etats-Unis dans la vague de manifestations.
 "Anna est seul. Il n'a pas d'organisation. Alors comment ce mouvement a-t-il commencé et comment s'est-il amplifié ?", s'est interrogé un porte-parole du parti au pouvoir. "Qui sont ces gens diffusant le mot d'ordre par téléphone et sur l'internet ?"

AFP

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