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lundi 22 août 2011

Les Occidentaux cherchent à éviter un chaos pour l'après-Kadhafi


 Sans attendre la chute de Tripoli, les Occidentaux préparent déjà l'après-Kadhafi avec deux soucis en tête: éviter la partition du pays après quatre décennies de gestion autoritaire et assurer que la transition soit réellement démocratique.
 Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a appelé lundi l'instance dirigeante de la rébellion libyenne (CNT) à "garantir que la transition se fera dans le calme et sur une base inclusive, que le pays reste uni et que l'avenir soit fondé sur la réconciliation et le respect des droits de l'Homme", a-t-il ajouté.
 Le président américain Barack Obama a exprimé un souci similaire en appelant le CNT "à faire preuve de l'autorité nécessaire pour mener le pays vers une transition qui respecte les droits du peuple libyen". Et la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a invité les dirigeants des insurgés "à agir avec le sens de la responsabilité en vue de maintenir la paix et la stabilité dans tout le pays".
 Alors que la rébellion semble en passe de s'emparer de Tripoli, les Occidentaux redoutent que la chute du régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, qui a tenu le pays d'une main de fer pendant quatre décennies, ne donne lieu à une vendetta entre vainqueurs et vaincus. Ce qui compromettrait d'autant les chances de réconciliation nationale.
 "De nombreux Libyens nous disent qu'il va y avoir des règlements de compte car on est dans une situation de guerre civile et que le conflit n'a fait qu'exacerber des tensions qui couvaient depuis très longtemps", indique à l'AFP un diplomate européen impliqué de près dans le dossier.
 Or, un tel climat de purge pourrait alimenter des forces centrifuges de nature à mettre en danger l'unité d'un pays comptant des dizaines de tribus aux intérêts parfois divergents.
 "L'histoire nous montre que lorsque la conquête du pouvoir se fait par les armes plutôt que de manière pacifique, la légitimité militaire entre en contradiction avec la légitimité démocratique", prévient Alavaro de Vasconcelos, président de l'Institut de sécurité de l'Union européenne. "Pour l'éviter, cela passe par l'intégration" des différentes composantes de la société libyenne dans tout futur gouvernement de transition, y compris "des forces islamistes très conservatrices, proches des Frères musulmans, mais non violentes" qui ont "toute leur place", estime-t-il.
 "Le danger est que le CNT basé à Benghazi puisse penser qu'il doit dominer le futur gouvernement de transition", juge-t-il, en plaidant pour que le pouvoir ne soit pas confisqué par les représentant de la région de Cyrénaïque à l'Est mais intègre les forces d'opposition de la Tripolitaine, à l'Ouest.
 Toute la mouvance islamiste en Libye jouera-t-elle le jeu d'une transition démocratique? "Le plus inquiétant c'est l'aspect sécuritaire, il y a tout un tas de gens dans le pays qui n'ont pas intérêt à une stabilisation, à commencer par les salafistes qui ont des connections avec l'Aqmi", Al-Qaïda au Maghreb islamique, s'inquiète de son côté le diplomate européen.
 Si l'Otan s'est chargée des bombardements en Libye, l'UE, marginalisée durant le conflit, se tient prête à agir pour la suite lorsqu'il s'agira d'aider le pays à bâtir des institutions démocratiques.
 Selon des diplomates, des missions européennes de formations de forces de sécurité sont envisageables à terme, comme en Irak ou en Afghanistan, de même qu'une force d'observation sur le terrain afin d'éviter des débordements.
 "La Libye a besoin à présent d'une transition ordonnée et d'un Etat réellement démocratique, la tâche est immense. L'ONU et d'autres doivent aider", a estimé lundi le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt.

AFP

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